« Genre Argumentatif»
Argumenter : le dialogue, l’apologue et l’essai.
- Argumenter
Convaincre
Lorsqu’un auteur veut convaincre, il fait appel à votre RAISON. Il essaye d’obtenir votre adhésion réfléchie à sa cause.
Pour cela, il emploie plusieurs moyens :
Des arguments rationnels.
Pour convaincre, l’auteur utilise des arguments logiques (avec des raisonnement du type inductif ou déductif) souvent organisés en paragraphes
Des connecteurs logiques
Les connecteurs logiques mettent en avant l’articulation logique entre les idées (ainsi, donc, puisque, pourtant etc)
Persuader
Lorsqu’un auteur veut persuader, il fait appel à vos SENTIMENTS.
Il fait naître en vous une ÉMOTION.
Il ne vous fait pas adhérer à son point de vue grâce à un raisonnement logique.
Il vous fait adhérer à son point de vue parce qu’il vous touche. Parce qu’il vous amuse ou vous émeut, vous fait rire ou pleurer.
Pour vous persuader, l’auteur a recours à :
Des images (comparaisons, métaphores, personnifications) qui font naître en vous une émotion.
C’est ce que fait Victor Hugo dans le poème « Melancholia » :
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
(…) Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre
En quelques vers, Victor Hugo fait naître en nous des images glaçantes : le lieu de travail comme prison, la machine comme monstre hideux qui se nourrit de jeunes enfants.
Comment ne pas s’émouvoir ? Victor Hugo nous persuade.
Des procédés oratoires tels les apostrophes et questions rhétoriques.
Ces procédés interpellent le lecteur, attirent son attention.
Victor Hugo en utilise dans Melancholia :
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
La ponctuation exclamative communique l’émotion de l’auteur (joie, peine, indignation…)
Conclusion sur convaincre et persuader :
- Associez le verbe convaincre au mot raison.
- Associez le verbe persuader au mot sentiment.
Persuader et convaincre ne sont pas des opposés. Ce sont deux verbes complémentaires. Un auteur peut dans son texte mêler deux stratégies : convaincre et persuader.
2) L’argumentation directe et indirecte.
Dans un texte argumentatif, l’auteur fait passer un message : c’est la thèse.
Il peut faire passer cette thèse directement ou indirectement.
L’argumentation directe ou explicite
Un auteur argumente directement lorsque :
♦ Il argumente lui-même, personnellement, sans utiliser d’intermédiaire. Il ne fait pas passer son message à travers un récit ou une fiction.
♦ Le message est explicite. La thèse est clairement formulée. Le lecteur n’a pas besoin de déduire le message à partir d’un récit tel que le conte ou la parabole par exemple.
Où trouve-t-on le plus souvent une argumentation directe ?
Dans les essais.
Car l’essai propose la réflexion personnelle d’un auteur sur un sujet :
♦ Le point de vue de l’auteur y est explicite.
♦ Le point de vue exposé est personnel à l’auteur.
Argumentation indirecte ou implicite :
Un auteur argumente indirectement lorsque :
♦ Il n’argumente pas personnellement mais a recours à une fiction pour faire passer son message. C’est donc à travers un narrateur ou un personnage de théâtre, de conte, de fable que l’auteur transmet son message.
♦ Le message est implicite. Il n’est pas donné directement au lecteur. Le lecteur déduit le message de la fiction racontée.
Où trouve-t-on le plus souvent une argumentation indirecte ?
Dans l’apologue.
Car l’apologue est un récit qui sert à illustrer une morale.
♦ Le message de l’auteur est implicite : il faut le déduire du récit
♦ Le message de l’auteur n’est PAS exprimé en son nom personnel : c’est un narrateur ou un personnage de fiction qui le formule.
Vous trouvez également une argumentation indirecte dans le conte philosophique (qui est un sous-genre de l’apologue).
3) Le dialogue
Le dialogue fait partie des genres à connaître pour l’objet d’étude argumentation.
Le dialogue, c’est un échange de paroles entre deux ou plusieurs personnes.
On trouve des dialogues insérés dans de nombreux genres :
♦ le théâtre :
Une pièce de théâtre repose essentiellement sur la présence de dialogues.
♦ le roman :
Des dialogues sont fréquemment insérés dans les récits. Ils permettent de faire une pause, de ralentir le récit.
♦ l’apologue (fable, conte philosophique, utopie) :
Dans l’apologue, les dialogues permettent d’opposer des opinions, de critiquer le point de vue adverse.
♦ Le dialogue peut aussi constituer un genre à part entière.
Il s’agit alors du dialogue philosophique.
Le but est de confronter les idées pour faire émerger la vérité selon le principe de la maïeutique de Socrate (la maïeutique = l’accouchement des idées)
♦ Le dialogue dialectique :
c’est le type même du dialogue philosophique. Les deux interlocuteurs sont sur un pied d’égalité. Chaque argument complète et affine celui de l’interlocuteur. Le dialogue permet alors de faire émerger la vérité.
♦ Le dialogue didactique :
c’est le type même du dialogue enseignant/élève. Les deux interlocuteurs ne sont pas sur un pied d’égalité.
L’un des interlocuteurs fait passer un enseignement à l’autre.
♦ Le dialogue polémique :
Deux points de vue inconciliables s’opposent. Le dialogue n’a plus pour objet de faire émerger la vérité mais plutôt de déprécier une opinion et, par contraste, de mettre l’autre en valeur.
Pourquoi un auteur a recours au dialogue :
♦ Le dialogue permet de rendre une argumentation plus vivante :
le dialogue est dynamique.
♦ Le dialogue permet de répondre aux objections de ses détracteurs :
en laissant l’opinion adverse s’exprimer, l’auteur peut la discréditer ou la contredire. Le dialogue permet alors de mettre en avant la supériorité d’une thèse sur une autre (surtout dans le dialogue polémique)
♦ Le dialogue permet de faire émerger la vérité :
la confrontation des idées peut être constructive. Les arguments des interlocuteurs se complètent et s’affinent au fur et à mesure. (surtout dans le dialogue dialectique)
Vous devez donc toujours commencer par identifier :
♦ Les différents genres argumentatifs (l’essai, l’apologue et le dialogue, mais aussi le pamphlet, le réquisitoire et le plaidoyer, le traité…).
♦ Les stratégies argumentatives (argumentation directe et indirecte, convaincre, persuader, délibérer et les grands types de raisonnement).
4) L’apologue
Un apologue est tout simplement un récit qui sert à illustrer une morale.
- C’est un récit narratif qui a un but argumentatif, didactique.
- C’est un récit qui est utilisé pour instruire, pour enseigner.
Exemples d’apologue :
Votre examinateur risque fort de vous demander : « Quelles formes d’apologue connaissez-vous ? »
L’apologue est un genre littéraire qui se décline sous plusieurs formes :
- La fable
- Le conte philosophique
- L’utopie
Les avantages et les inconvénients de l’apologue :
· Les avantages de l’apologue :
- Les apologues sont courts.
- Les apologues sont divertissants
- Les apologues sont concrets
- Les apologues permettent d’éviter la censure.
· Les inconvénients de l’apologue
- L’apologue est distrayant… mais les lecteurs vont-ils prendre l’apologue au sérieux ?
- Si la morale est indirecte, il se peut parfois qu’elle soit incomprise ou mal comprise.
- L’essai peut donc apparaître à cet égard plus direct, plus efficace.
Le conte philosophique
Un conte philosophique est un conte qui a une visée philosophique.
C’est à dire que l’on va retrouver deux composantes dans un conte philosophique :
1 – Les caractéristiques d’un conte traditionnel
2 – Une visée philosophique
Les caractéristiques d’un conte traditionnel
♦ Un récit, une fiction qui a souvent recours à des éléments merveilleux et qui a pour but de distraire le lecteur.
♦ Une structure type : dans un univers intemporel, un héros quitte son milieu. Il rencontre des obstacles. Il est aidé par des adjuvants, empêché par des opposants. Le dénouement est heureux.
Une visée philosophique
♦ un texte qui vise à faire réfléchir le lecteur
L’alliance du conte et de la philosophie :
Le conte philosophique est donc un conte qui ne cherche pas uniquement à distraire le lecteur mais aussi à le faire réfléchir.
Le plus souvent, le conte philosophique porte une réflexion critique sur des questions d’actualité (le pouvoir, l’injustice etc).
Le conte philosophique opère donc la synthèse entre une littérature d’amusement et une littérature d’idées.
Dans quel contexte est né le conte philosophique ?
Apparition du conte philosophique au XVIIIème siècle
Le conte philosophique apparaît au XVIIIème siècle (18ème siècle). C’est Voltaire qui est incontestablement le maître du genre.
Un moyen d’éviter la censure
Au XVIIIème siècle (18ème siècle), des réglementations surveillent de près l’impression et la librairie. Il est difficile aux philosophes d’échapper à la censure.
Le conte philosophique apparaît alors comme un moyen de critiquer indirectement le pouvoir, la religion, la société.
Distraire et faire réfléchir tout à la fois
Par ailleurs, les philosophes des Lumières souhaitaient répandre leurs idées auprès du plus grand nombre.
Or les essais et les traités ne sont souvent lus que par une élite intellectuelle.
Le conte philosophique, lui, est attrayant, distrayant. En mêlant divertissement et réflexion, les philosophes pouvaient toucher un plus grand nombre de lecteurs.
5) L’essai
L’essai est un texte qui expose le point de vue personnel d’un auteur sur un sujet (politique, scientifique, historique, de société…).
C’est Montaigne qui a créé le genre de l’essai au 16ème siècle. Il a en effet écrit Les Essais, genre nouveau dans lequel il mène des réflexions sur divers sujets (l’éducation, l’amitié, la mort…)
Au 18ème siècle, l’essai devient un genre prisé par les philosophes des Lumières :
♦ Voltaire Essais sur les mœurs et l’esprit des nations
♦ J.J. Rousseau Essai sur l’origine des langues
Au 20ème siècle, l’essai devient très populaire. Si, jusque dans les années 70, les essais étaient surtout l’œuvre de grands écrivains (Jean Paul Sartre, Jean Giono…), l’essai est aujourd’hui pratiqué par nombre d’auteurs sans prétentions littéraires.
Le but de l’essai :
Trois points sont importants pour cerner le but de l’essai :
L’essai est un texte argumentatif : il a pour but d’argumenter. On trouve donc toujours dans un essai une stratégie argumentative : convaincre ou persuader.
L’essai se distingue du traité car il ne tend pas à l’exhaustivité. (le traité, plus rigoureux, est censé épuiser un sujet donné).
L’essai n’est pas un genre narratif. Il s’oppose à la fiction. Il convient donc de distinguer l’essai de l’apologue qui a recours à un récit fictif pour illustrer une morale.
L’essai : argumentation directe ou indirecte ?
L’essai s’oppose à la fiction. Dans un essai, l’auteur présente ses idées sans recourir à un récit fictif.
Par conséquent, un essai a recours à une argumentation directe.