L’amour au temps du Covid
Bonjour,
Aujourd’hui nous avons deux podcasts et quelques extraits de la presse
- France Culture, l’amour au temps du Coronavirus, 3 histoires
- France Inter, L’amour et l’amitié chez les jeunes au temps du Covid
- extraits d’article
- podcast
- Ouest France, Ils sont trouvé l’amour malgré le Covid
- extraits de l’article
- podcast
Notre réflexion
Comment continuer à s’aimer en pleine crise sanitaire quand chacun est bloqué dans un pays différent ? Comment imaginer son mariage quand le nombre de convives autorisés à la mairie se réduit à 6 personnes ? Comment rencontrer l’âme soeur quand les relations sociales sont réduites à néant ?
Pour les sentiments, le covid nous impose aussi une nouvelle vie.
Les questions auxquelles réfléchir
1) pensez-vous qu’on vous ait volé votre jeunesse/vieillesse ? (règles sanitaires, masque, interdiction de regroupement…)
2) pensez-vous qu’on ait volé la jeunesse des jeunes Français ? (confinement, couvre-feu, pass sanitaire…)
3) pensez-vous que la vie des jeunes français soit comparable à la vôtre .?
4) le Covid nous a-t-il renfermé sur nous même ?
5) Peut-on s’aimer virtuellement ?
6) Est-ce que les logiciels de rencontre peuvent remplacer la spontanéité d’une rencontre du hazard ?
7) pensez-vous que le Covid a changé notre rapport au temps ?
8) pensez-vous que le Covid a réconcilié notre rapport à l’amour et au désir ?
9) pensez-vous que cet isolement nous a permis de revisiter la façon dont on construit une relation ?
10) est-ce que cela vous a permis de réaliser combien vous avez besoin des autres ?
11) pensez-vous que vous recherchez des relations différentes ? moins stéréotypées ?
Dans les représentations, le fait de vouloir vivre une grande histoire avec un partenaire ou une partenaire stable est quelque chose qui reste extrêmement important dans l’esprit. C’est une forme de réussite et, souvent, on voit les jeunes se fermer à leurs amis quand ils pensent avoir trouvé l’idéal amoureux. Mais, souvent, ces grandes histoires peuvent se terminer assez rapidement. Et c’est à partir de ce moment-là que les jeunes se mettent à douter du modèle qu’on leur a inculqué, ce modèle de l’amour romantique, très fusionnel. Ils se mettent à développer d’autres registres relationnels : s’ouvrir à une sexualité sans engagement ; à des relations sérieuses légères ; assumer une histoire exclusive sentimentalement et sexuellement, mais sans rien se promettre pour l’avenir…
12) que pensez-vous des rencontres sur les applications ?
13 pensez-vous que l’amour à changé ? le couple ? l’idée de l’histoire amoureuse, sa durée par exemple, le modèle de l’amour (mariage, enfants, etc.) ?
On réinterroge les normes du couple, de l’hétérosexualité, de l’amour romantique, ce qui pousse à ne pas se laisser uniquement aveugler par l’amour. On réinterroge nos relations au prisme aussi de toutes les analyses féministes, antiracistes, tous les mouvements politiques d’émancipation qui sont en train de secouer très fort la société et qui vont vraiment nous permettre de créer des relations qui soient enfin équilibrées et égalitaires. Ça peut être douloureux, mais c’est surtout très joyeux.
14) Comment se séduire quand on a le visage caché par un masque ? Quand nous sommes séparés par des gestes de préservation sanitaire ? Comment aimer de façon insouciante quand on craint de s’embrasser, de se serrer dans les bras ? Est-ce que la dissociation physique n’oblige pas à inventer un nouveau jeu de l’amour et de la séduction qui passerait par la parole ?
France Culture (https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/lamour-au-temps-du-coronavirus)
https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=3c13cb30-c9d4-4730-9ec5-c63508c4698f
Trois histoires d’amour ou de rupture au temps du confinement.

Elya a posté une annonce de “recrutement” sur Facebook afin de “caster” des hommes pour sa jeune sœur esseulée.
J’avais envie de lui donner un coup de pouce. J’ai posté un message sur ma page Facebook de poésie érotique. J’y ai 5000 abonnés. Comme la plupart sont des hommes, je me suis dit qu’il y avait des chances que des candidats se pointent et répondent à mon annonce.
Flattée du succès que cette annonce rencontre, Rachelle décide de télécharger l’application de rencontre Tinder.
Je suis un peu sauvage, dans la retenue. J‘aime bien prendre le temps d’avoir un discussion non engageante et le confinement m’a permis d’avoir ce protocole de rencontre : il ne pouvait pas y avoir d’accélération possible.
J’ai eu une discussion que je ne pensais pas avoir et cela a éveillé ma curiosité. Et nous avons décidé de nous rencontrer par vidéo…
Nathalie, elle, est confinée loin de l’homme avec qui elle partage sa vie.
Je me suis retrouvée confinée à Biarritz et ai passé les deux mois là-bas. J’ai trouvé ça extraordinaire : j’ai fait plein de choses que j’avais envie de faire, faire de la musique, prendre les cours d’italien… Surtout, j’en ai profité pour me retrouver face à moi-même.
Au bout d’un moment, je n’avais plus le désir de lui parler. Je n’imaginais pas que la touche “pause” allait se transformer en “stop”.
François et Julie avaient décidé de divorcer avant la pandémie. Le confinement a fini par détruire définitivement ce qui restait de leur couple.

Le confinement, c’est une colocation subie. On est privé de ses droits et on se sent pris au piège. Alors que nous avions pris la décision de retrouver notre liberté.
Une fois le bain passé, l’épreuve du dîner affrontée, dans notre vie d’avant, c’était notre instant à nous. Là, c’était clairement le moment d’angoisse que j’essayais d’éviter en allant courir un peu. Le but était de se croiser sans se déranger.
Au plus dur de la bataille émotionnelle, j’étais entre la rage et le désespoir. Je n’avais qu’une envie : aller courir et me sauver. L’enfer, c’était de se dire que je n’étais plus maître de ma vie.
2. L’amour et l’amitié chez les jeunes au temps du Covid
https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-24-fevrier-2021
1) le podcast
2) les extraits écrits
Hier après-midi en remontant le boulevard Barbès à Paris, deux jeunes filles à vélo. L’une assise, l’autre debout à l’arrière, riant, chantant à tue-tête et roulant à toute vitesse. L’insouciance à l’état pur de ce que devrait être une jeunesse banale des années 2020.

Vivre vite, rire, se rencontrer, échanger pendant des heures entre amis, expérimenter, danser, chanter, aimer, faire l’amour. Et justement, comment vivre l’amour et la sexualité quand on est jeune pendant une crise sanitaire qui s’éternise depuis un an, avec ces journées sans fin où l’ennui le dispute à la morosité, avec parfois évidemment de brèves échappées belles, et ce goût de l’interdit quand on brave le couvre-feu pour se retrouver ?
L’amour et la sexualité chez les vingtenaires pendant cette période compliquée, où le sans contact et les gestes barrières sont devenus une norme difficile à appliquer quand on a 20 ans justement.
Une émission qui intéressera bien sûr les parents et les grands-parents à l’écoute de cette jeunesse qui a l’impression qu’on lui vole ses plus belles années. Ce matin, les jeunes ont la parole.
Avec nos invité.e.s
- Sophie Cadalen, psychanalyste et écrivaine
- Renée Greusard, journaliste à L’Obs et créatrice de la rubrique Tinder Surprise, où elle y raconte l’époque d’aujourd’hui, comment on se rencontre via les applis, une initiative qui part d’un récit d’une copine qui lui a raconté un “date tout foireux” à partir de quoi elle a souhaité documenter et renseigner sur les nouvelles pratiques et représentations de la nouvelle génération.
- Victoire Tuaillon, journaliste, créatrice et animatrice des podcasts Les couilles sur la table et Le cœur sur la table sur Binge Audio. Les couilles sur la table, c’est un podcast qui s’intéresse aux masculinités d’un point de vue féministe. Depuis le 11 février dernier, Le cœur sur la table, est un podcast documentaire qui consiste à faire entendre des dizaines de voix différentes et de témoignages, des concepts et des experts sur des questions psychologiques. On se demande quelle pratique concrète est-ce qu’on peut mettre en place, dans nos vies, pour vivre des relations intimes qui soient riches, qui soient profondes et qui soient égalitaires.
- Christophe Giraud, professeur en sociologie à l’Université Paris Descartes, auteur de L’amour réaliste : La nouvelle expérience amoureuse des jeunes femmes – Editions Armand Colin, 2017
#RadioFranceAvecLaJeunesse
Il y a un nouveau rapport à l’amour qui s’établit en opposition à l’amour idéalisé
– Christophe Giraud
Une période aussi contraignante que fertile pour l’accomplissement de ses propres désirs
Sophie Cadalen : “Notre rapport au temps est complètement bouleversé. Et d’un autre côté, tout s’accélère dans ses propres choix de vie, dans son installation, dans ses projections. Et puis, quand on commence à relâcher un peu de nouveau, il y a une espèce de réclamation qui refait surface et qui conduit à penser que l’on peut enfin prendre le temps et revenir sur ces étapes qu’on brûlées, de ses choix qu’on n’a pas vraiment eu l’occasion de concrétiser, revenir aussi sur la routine, cette espèce de spectre un peu abstrait qu’on apprend à reconsidérer et à concilier avec le rapport à l’amour, au désir. Derrière ce climat-là, il y a une nouvelle construction, un tissage très doux, très harmonieux, très intéressant qui s’initie”.
Victoire Tuaillon : “Ça peut être une période très contraignante moralement, mais ça peut aussi être une période propice à l’introspection, non pas forcément à de nouvelles rencontres, mais à l‘approfondissement de certaines relations. On a le temps de fréquenter les gens avec qui on vit et c’est aussi une période qui nous met tous en face de cette question : avec qui on fait famille ? C’est qui nos proches, notre réseau affectif ? Qu’est-ce qu’on fait ensemble ? Comment on se parle ? Comment on s’aime ?”
Christophe Giraud : “Des histoires continuent à se nouer, des histoires non cohabitantes, très progressives, très lentes, dans lesquelles les sentiments mettent du temps à émerger”.
C’est la lenteur qui caractérise les histoires des jeunes actuellement dans leurs relations
Une expérience qui s’est révélée aussi positivement, puisque de nombreuses relations se sont renforcées. Le confinement a marqué, pour une partie des histoires qui auraient été beaucoup plus lentes au départ, une véritable accélération. Quand pour d’autres, le risque qui a été pris s’est fracassé sur la réalité, et que les sentiments n’étaient pas si forts que ça, marquant la fin de l’histoire intime qui aurait pu continuer sans le confinement”.
Quand la crise à conduit les jeunes à repenser leurs relations et leur rapport à l’amour
Renée Greusard : “Si les jeunes utilisent les réseaux sociaux pour draguer, le champ reste en réalité assez large. Le covid-19 et le confinement nous amènent à rediscuter les normes de l’amour, entre consolidation et rupture. Tout ça nous pousse à nous poser la question de comment on fait une relation.
Le contexte apporte beaucoup de remises en question propices
Bien sûr, il faut s’imaginer ce qu’est vie d’un jeune célibataire aujourd’hui. Il n’y a plus de dance floor, plus de cafés, plus d’endroits pour se rencontrer. Et c’est encore plus compliqué quand on appartient à une communauté minoritaire”.
Sophie Cadalen : “C’est une période où on réalise à quel point on a besoin des autres. Être confronté à sa propre finitude conduit les jeunes à réinventer des relations qui soient moins stéréotypées, qui correspondent moins à des normes sociales, un moment où on peut enfin faire le point sur ce qu’on veut dans la vie”.
- Les lieux de la rencontre se pensent différemment
Christophe Giraud : “Ils sont variés, même si bien sûr ce sont les applications de rencontres qui restent en vogue. Il y a ce premier temps de la rencontre physique qui se passe souvent dans un bar, c’est le moment où on peut se jauger, voir si nos sentiments sont toujours conformes à ce qu’on avait pressenti en ligne. Mais cela est quelque chose qui est devenu compliqué. Pour se rencontrer physiquement, le seul lieu qui va rester, c’est chez soi, dans un des deux logements.
D’une certaine façon, la crise sexualise beaucoup plus les rencontres, sacrifiant une phase de séduction ordinairement indispensable
- Les jeunes tendent à dépasser les normes préconçues de l’amour et de la sexualité
Entre des histoires sérieuses et des histoires légères, les jeunes des années 2010-2020 rompent de plus en plus avec les injonctions telles que “vivre absolument une histoire sérieuse”.
CG : “Dans les représentations, le fait de vouloir vivre une grande histoire avec un partenaire ou une partenaire stable est quelque chose qui reste extrêmement important dans l’esprit. C’est une forme de réussite et, souvent, on voit les jeunes se fermer à leurs amis quand ils pensent avoir trouvé l’idéal amoureux. Mais, souvent, ces grandes histoires peuvent se terminer assez rapidement. Et c’est à partir de ce moment-là que les jeunes se mettent à douter du modèle qu’on leur a inculqué, ce modèle de l’amour romantique, très fusionnel. Ils se mettent à développer d’autres registres relationnels : s’ouvrir à une sexualité sans engagement ; à des relations sérieuses légères ; assumer une histoire exclusive sentimentalement et sexuellement, mais sans rien se promettre pour l’avenir…
René Greusard : “Il y a quelque chose qui est en train de bouger, il y a une vraie envie de rediscuter les modèles. Les cafés polyamoureux ont de plus en plus de succès. On peut écouter aujourd’hui des gens se dire “aromantiques”, “asexuels”, on adopte des choses qui n’étaient pas possible il y a dix ans.
On est dans une sorte d’ébullition
VT : On réinterroge les normes du couple, de l’hétérosexualité, de l’amour romantique, ce qui pousse à ne pas se laisser uniquement aveugler par l’amour. On réinterroge nos relations au prisme aussi de toutes les analyses féministes, antiracistes, tous les mouvements politiques d’émancipation qui sont en train de secouer très fort la société et qui vont vraiment nous permettre de créer des relations qui soient enfin équilibrées et égalitaires. Ça peut être douloureux, mais c’est surtout très joyeux.
Une révolution romantique qui apprend à mieux s’envisager collectivement
Cette nouvelle géographie des rapports amoureux nous conduit à un soin plus grand des autres
– Renée Greusard
Victor Turion : “On est en train de vivre une révolution romantique. Ce n’est pas seulement l’effet de la remise en cause des normes, mais on est vraiment en train de changer la façon dont on est en relation avec l’autre, il y a une prise de conscience quant à l’existence de l’autre. Ce nouveau rapport à la relation et à l’amour révèle qu’on veut être à égalité avec l’autre“.
▶︎ Comment se séduire quand on a le visage caché par un masque ? Quand nous sommes séparés par des gestes de préservation sanitaire ? Comment aimer de façon insouciante quand on craint de s’embrasser, de se serrer dans les bras ? Est-ce que la dissociation physique n’oblige pas à inventer un nouveau jeu de l’amour et de la séduction qui passerait par la parole ? …
3. Elles ont trouvé l’amour malgré le Covid
1) Extraits
2) Podcast
Le Covid a secoué les relations amoureuses. Ruptures, rencards foireux ou rencontres improbables : dans cette période hachée par les confinements et le couvre-feu, difficile mais pas impossible d’envisager des moments à deux. Dans ce deuxième volet des chroniques d’amour confiné, trois couples racontent comment leur relation s’est nouée malgré la crise sanitaire.
« Un premier rendez-vous à regarder les étoiles »
Séverine, 42 ans, Massimo, 34 ans, enseignants, Beloeil (Belgique)
Fin mai 2020, il y a comme un parfum de retour à la normale dans l’air. Séverine, enseignante de 42 ans à Beloeil en Belgique, tout près de Valenciennes (Nord), profite de la réouverture des salons de coiffure pour s’offrir une nouvelle coupe et un café avec une amie, entre quelques courses. « On ne sait jamais, je vais peut-être croiser le prince charmant au supermarché ! » lui lance-t-elle avant de la quitter. « Évidemment elle s’est moquée de moi, se souvient Séverine en riant. Mais pourquoi pas, un coup de foudre au supermarché, ça peut arriver ! »
Alors forcément, cette mère de deux ados perd ses moyens quand, au détour d’une allée, quelques instants plus tard, un jeune homme la regarde avec insistance avant de lui dire bonjour en souriant. « Je me suis tout de suite dit : C’est lui ! » Mais dans les faits, ne le connaissant pas, Séverine lui répond timidement et poursuit ses courses de son côté, avant de le retrouver à la caisse. « Un peu comme une gamine de 15 ans, j’ai pris mon téléphone et j’ai fait une photo de lui que j’ai envoyé à ma copine en lui disant : Tu vois, si, ça arrive ! » raconte Séverine, qui en restera néanmoins là. « C’était un inconnu et c’est pas trop mon style d’aller à la rencontre des gens comme ça dans un magasin, explique-t-elle. Il est sorti du magasin, il est parti, plus jamais vu, ça s’est terminé comme ça. » Ou presque.
Quasiment trois mois plus tard, au cœur de l’été, Séverine fait défiler ses suggestions d’amis Facebook et s’arrête sur un profil que lui propose l’algorithme. Elle reconnaît l’inconnu du supermarché. « Pas d’amis en commun, rien du tout, le pur hasard. Je clique, c’est bien lui. C’est pas possible, je peux pas rester là sans rien faire ! » Plutôt que de lui envoyer une invitation « un peu nulle », elle lui écrit un message « où je lui raconte l’anecdote du supermarché et du prince charmant ». En précisant tout de même « qu’il ne faut pas qu’il me prenne pour une folle », ajoute-t-elle en riant.
Derrière son écran, Massimo, 34 ans, est lui loin du scénario de la comédie romantique. Il ne…
Malgré la crise sanitaire et les confinements qui ont limité les horizons, Séverine, Eva et Auréa ont trouvé l’amour. Elles ont échangé un regard au supermarché, ont rencontré leur voisin, leur nouveau colocataire, ont vécu ces mois de vie sous cloche ensemble et sont tombées amoureuses malgré la pandémie.
« – Ça te dit qu’on se rencontre ?
– Oui mais où ?
– On peut se poser dans un parc ?
– Ok, mais tu apportes le champagne ! »
D’habitude, il y a ce « premier verre » dans un bar dont on aime particulièrement l’ambiance. Ce resto un peu romantique mais pas trop guindé que l’on a soigneusement sélectionné. Ou ce moment d’émotion partagé dans le noir au cinéma. Sans ces instants où se nouent les débuts d’une relation, il faut avoir un peu d’imagination ou de témérité pour vivre un premier rendez-vous en période de crise sanitaire.
À l’instar de Salomé et Philippe (les prénoms ont été changés), qui, après quelques semaines d’échanges virtuels, se sont donné rendez-vous dans un parc. Au menu, champagne et fraises, et, après réflexion, sans masques sur le visage. « C’est déjà bien assez compliqué ! s’exclame Salomé, mère célibataire de 47 ans. On s’est posé la question avant de se faire la bise, mais il est vacciné et moi j’ai déjà eu le Covid… »
Il faut tout de même surveiller l’heure pour rentrer avant le couvre-feu, cacher un peu la bouteille de champagne, dont la consommation est interdite sur la voie publique… et espérer qu’il ne pleuve pas. Mais pour Salomé, pour qui la crise sanitaire n’a guère été propice aux rencontres, l’essai est réussi. « Ça m’a donné comme un avant-goût d’un retour à la normale ! Sans bar, sans restos, pour moi qui suis un animal sociable et social, c’est une année en suspens », souffle cette cadre du Sud de la France, divorcée depuis cinq ans. Elle vit « mal l’enfermement » mais ne s’imagine pas aller chez un homme qu’elle ne connaît que virtuellement, malgré le peu d’alternative qui se présente à elle.
« Ça réinvente la rencontre »
Inscrite sur Facebook rencontres avec le mantra « on verra bien », elle choisit donc de se laisser porter, en fonction des échanges et des propositions de rencontres. Mais « c’est spécial les réseaux sociaux, on a un bon feeling avec quelqu’un et il disparaît du jour au lendemain… constate-t-elle. J’ai eu deux-trois contacts sans que ça aille plus loin. » Jusqu’à cet échange avec Philippe, quinquagénaire avec qui elle « accroche bien » et discute « tous les jours » via son smartphone.
Car la planche de salut pour faire de nouvelles connaissances, à l’unanimité des célibataires interrogés, c’est bien les sites dédiés, dopés par la crise. « Le Covid réinvente un peu la rencontre mais les sites ont tiré leur épingle du jeu, leurs chiffres ont explosé, décrypte Mélanie Mâge, fondatrice du site Les Bridgets qui analyse l’amour et le célibat depuis quinze ans. On…