Julie O’Arnheim
« je » est-il un « Mondrian » ? ou Le jeu de couleur chez Mondrian et « je »
L’abstraction est un mouvement dans l’art moderne qui a débuté au 20eme siècle. Au lieu de rester fidèle à la réalité visuelle, les artistes employaient des couleurs et des formes pour s’exprimer. Dans la littérature aussi, le style d’expression des auteurs change au fil de temps. Souvent les thèmes et les sentiments semblables peuvent s’exprimer à travers l’art et la littérature. Après la première guerre mondiale, Pieter Mondrian, un peintre néerlandais, fait partie du groupe des pionniers dans l’art moderne de l’abstraction. Il a développé un style réaliste, le néoplasticisme, sans aucune trace de la nature.
La Salle de Bain, le roman minimaliste de Jean–Philippe Toussaint, aussi de l’avant-garde, écrit en 1985, fait référence à la couleur et à plusieurs peintres célèbres de Raphael (Toussaint, 27) jusqu’à Jasper Johns. (Toussaint, 90) Il relie les peintures de Mondrian à son caractère, « je ». Mondrian travaille avec les couleurs pures et d’une manière géométrique. Ses peintures, toujours sur un fond blanc, suggèrent un plan théorétique, statique et étudié, et donne au visionneur un sentiment impersonnel et froid sauf pour l’éclat des couleurs vives enfermées le plus souvent avec une bordure noire. Le personnage qui s’appelle « je » dans La Salle de Bain se comporte d’une manière stricte, ciblée et contrôlée.
On reconnait les peintures de Mondrian des années 1920 jusqu’à sa mort car il suit une formule qui varie à peine alors qu’il cherche une forme d’expression pure. Il essaie d’établir de l’ordre, de l’équilibre et de l’harmonie avec des angles droits, des lignes et des rectangles–pourtant asymétriques sur la toile—associés aux trois couleurs primaires. Dans son œuvre artistique Mondrian exprime par écrit sa philosophie mystique et spirituelle bien qu’il ait un tempérament de reclus. Mondrian cherche à s’exposer au monde. Mais les œuvres de Mondrian sont-elles immobiles et rassurantes comme “je” les perçois?
Comme un chercheur et théoricien, « je » observe les menus détails. Il accepte les limites de sa vie comme la limitation des données, mais il ne cherche pas à repousser les frontières ou à prendre des risques. Son bien être découle de la maitrise de soi. « Je » n’a même pas de nom propre. Au fond, son identité manque de couleur vive; il est blanc. «Je », au tempérament solitaire, n’arrive à communiquer confortablement avec personne, bien qu’il se fasse comprendre et arrive à ne pas provoquer les autres quand leurs opinions s’opposent (Trenet versus Zappa, Mondrian versus les peintres italiens, le bordeaux versus le bourgogne). « Je » cherche un refuge plutôt qu’un exutoire. Etant sensible au mouvement et au déséquilibre, « je » trouve la calme et le manque de tension dans le jeu de fléchettes et dans l’immobilité—une absence de toute perspective de mouvement–dans les peintures de Mondrian. (Toussaint, 90) Ses peintures le consolent. Cependant, il est fasciné par la dame blanche qui fonde et se mélange au chocolat.
Mondrian est passé à la postérité car ses œuvres communiquaient au public une réalité calme, attrayante et au-dessus du banal dans la période de l’après-guerre à aujourd’hui. La Salle de Bain dans son ensemble est semblable à une peinture de Mondrian. Toussaint a appelé les chapitres, auxquels il a donné des numéros, comme un triangle rectangle—Paris, L’Hypoténuse, Paris—donc la géométrie et l’équilibre. C’est Toussaint, auteur, qui aspire à la perfection et à la simplicité de Mondrian plutôt que « je ». Une différence significative est que l’œuvre de Mondrian a évolué, quoique le caractère, « je », n’ait pas évolué. Le temps passe, et « je » reste le même. Pendant un moment, à Venise, on tient l’espoir que « je » se transformerait en personnage plus communicatif et mondain; mais il reste agité et isolé tandis que les peintures de Mondrian sont devenues plus paisibles et ont plu aux amateurs d’art. Au lieu d’être blanc, on peut dire que « je » est noir, où noir signifie l’absence de toute couleur. « Je » n’est pas un Mondrian bien qu’ils soient semblables. Après une calamité, comme une guerre ou une catastrophe naturelle, les artistes de tous genres essayent de retrouver le bien être. Leurs identités s’expriment et se montrent dans leurs œuvres.
Bibliographie
Toussaint, Jean-Philippe. La salle de bain, suivi de “Le jour où j’ai rencontré Jérôme Lindon”. Paris : Les Éditions de Minuit, 2005.
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