Society for French Studies, 58th Annual Conference, 3 – 5 July 2017, University of Durham.

La femme trans-fuge, regards médiévaux sur la trans-identité

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Armed hybrid’. BL, MS Harley 5648, f.13v

Ce panel se propose d’aborder les trans-formations identitaires, par transgressions vestimentaires, sociale ou morale, dans une série de fictions de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle. Il s’agira de se pencher sur la représentation des genres et les limites identitaires au travers de l’homme féminisé, de la femme animalisée et enfin de la féminité confisquée.

La femme trans-fuge, regards médiévaux sur la trans-identité (Weatheral, St Chad’s College) – Chair: Emma Cayley (University of Exeter)

« La transgression identitaire comme synonyme de transgression sociale : le cas de Trubert, Floire et Blancheflor et Floris et Lyriopé. »

Dr. Paola Scarpini
University of Sheffield
University of York
paola.scarpini@york.ac.uk

Disguising, changing, and exchanging identities: women and ‘trans-identity’ in Guillaume de Palerne”

Dr. Eleanor Hodgson
University of Southampton
e.hodgson@soton.ac.uk

Trans-identité dans les tourments d’enfer, la féminité confisquée

Dr. Juliette Bourdier
Université de Charleston at College of Charleston, SC, USA
Bourdier@cofc.edu

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The bearded woman of Limerick, Gerald of Wales, Topographia Hiberniae , London BL Royal 13 B VIII, fol. 19r, c. 1196-1223, a book owned by a fifteenth-century monk of St Augustine’s Abbey, Canterbury.

 

Trans-identité dans les tourments d’enfer, la féminité confisquée

À partir du VIe siècle, les témoignages cléricaux de transports dans l’au-delà se répandent dans les monastères européens pour former un corpus dont le but est de promouvoir l’éducation et le salut des âmes. Les voyageurs en ramènent des révélations sur la structure de l’enfer en général et l’organisation des tourments en particulier. Dans cette littérature générée par les moines pour les moines, l’emphase portée sur les écarts sexuels est révélatrice d’une lutte constante à réprimer le désir autant que du besoin de détruire l’objet de ce désir. Promoteurs de chasteté, le traitement punitif, qu’ils associent à ceux qui se sont laissé corrompre par la luxure, fait appel à un assortiment de fantasmes dont la poétique débridée mêle torture, cruauté et lubricité. Subséquemment et au nom du culte de la chasteté, ces corps qui devaient être séparés et abstinents dans l’ici-bas, sont dénudés, mélangés et profanés dans l’au-delà. Dans cette communication, nous aborderons la notion de trans-identité, telle qu’elle apparaît dans une série de témoignages qui inventent une sexualité punitive dans laquelle des châtiments dégradants transforment les âmes pécheresses et les uniformisent par castration. L’identité féminine tiraillée entre son rôle virginal de fiancée du christ et celui débauché d’envoyé du diable est à la fois vénérée et honnie. Le fait est qu’en confisquant à la femme sa faculté génitrice, les moines, troisième sexe sur terre, proposent en miroir, un être désexualisé devenue le troisième sexe en enfer.

Dr. Juliette Bourdier

 

La transgression identitaire comme synonyme de transgression sociale : le cas de Trubert, Floire et Blancheflor et Floris et Lyriopé.

Ces trois textes médiévaux de la fin du XIIe siècle et le XIIIe siècle, bien que différents l’un de l’autre, ont plusieurs caractéristiques en commun : la première est le brouillage identitaire associé à l’identité sexuelle du personnage masculin (Trubert, Floire et Floris), la deuxième est le choix de chacun des auteurs de donner un nom à l’assonance féminine et florale à ces trois personnages et, finalement, les trois interrogent le lecteur sur le sens de cette transformation de genre. Dans notre présentation, nous voudrions rapprocher, pour la première fois, ces trois personnages et montrer non seulement la façon dont le brouillage identitaire s’opère (le déguisement simple chez Trubert, la ressemblance physique qui efface les différences sexuées dans Floire et Blancheflor et, finalement, le déguisement associé à la ressemblance physique dans Floris et Lyriopé) mais aussi le fait que la transgression sexuelle est le symbole d’une transgression des modèles acceptés de genre et des stéréotypes sociaux. Selon le Trésor de la Langue Française, le préfixe trans- exprime « le franchissement ou le dépassement d’une limite » et c’est dans cette optique que nous allons analyser les personnages de Trubert, Floire et Floris. Les trois dépassent (transgressent) les limites identitaire et sociales afin de pouvoir permettre à leur auteur de dénoncer soit les failles de la société chevaleresque, de ses croyances et de ses fondements moraux soit les romans idylliques dont cette société raffole.

Dr. Paola Scarpini

 

 

Disguising, changing, and exchanging identities: women and ‘trans-identity’ in Guillaume de Palerne

Studied primarily for its disguised double heroes (the animal skin-wearing Guillaume and the werewolf Alphonse) Guillaume de Palerne has been the subject of a growing body of recent criticism in medieval French studies. Scholars have explored how the notions of metamorphosis and identity are manipulated in the narrative through the representation of the lycanthrope and three figures who don animal skins. However, whilst the focus given to the skin disguises has led critics to engage with some analysis of the two female figures who alter their exterior appearance in this way, there is still little criticism dedicated to the key female characters’ identities. This paper will interrogate the concept of ‘trans-identity’ as related to four female figures in Guillaume. ‘Trans-identity’ will be understood as transformation and transferral of female identities in the romance, as the paper seeks to not only explore how the identity of female figures are altered by the disguises they don, but also to question the extent to which identities are transferred between female characters across inter-, intra-, and extra-textual boundaries. In so doing, it will address the male-focused bias in Guillaume criticism, arguing for a reconsideration of the importance of women in this late twelfth-century text.

Dr. Eleanor Hodgson