par Julie Arnheim
Taxis français, un système désuet ?
La reprise des manifestations des taxis dans les grandes villes françaises, le 23 janvier 2016, attire l’attention sur la concurrence des VTC qui grignote leurs revenus

Dans son article « Taxis – VTC – la guerre sans frein » publié dans Libération (gauche, 26.01.2016), Christophe Alix énumère les problèmes d’une concurrence déloyale des VTC (véhicules de transport avec chauffeur) que la loi Thévenoud de 2014—ou un manque de son application–n’est pas réglée. Serge Metz, le PDF de G7, déclare que l’État « n’a pas les moyens; ou alors la volonté politique de dire qu’il s’agit du développement d’emploi » des jeunes des quartiers défavorisés. Les chauffeurs de G7 témoignent que les VTC prennent les clients dans la rue sans réservation, font du racolage dans les aéroports et, de plus, bénéficient plus des nouvelles technologies (comme les applications de la téléphonie mobile). Les conducteurs de taxi ont mobilisé et exercé des pressions sur le public et le gouvernement. Un médiateur nommé par Manuel Valls1 s’occupera des problèmes, en particulier le prix de leur licence qui coûte jusqu’à 240.000 Euros lorsque le permis de VTC coûte 500 Euros au maximum.
Une victoire éclatante pour les syndicats de taxi annonce l’article de Sébastien Pommier (l’Express, gauche, 29.01.2016). Les plate formes des VTC doivent immédiatement se déconnecter des milliers de conducteurs de LOTI communique Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, dans une lettre aux sociétés des VTC. Choqué par l’action rapide de soutien des taxis, Joseph François, président de l’Association Mobilité Transport, explique que « Les taxis et surtout le G7 qui depuis 35 ans a un quasi-monopole sur la clientèle d’affaires, demandent la tête des LOTI…ce sera les VTC tout court ». Depuis que 10 à 40% des 8000 VTC conduisent les voitures de capacitaire LOTI, engager un taxi devient plus difficile pour le consommateur.
L’absence de concurrence comme modèle économique pour l’entreprise
de taxi en France est soutenu par le coût et la disponibilité des licences. C’est un système datant de 1920 qui a été renforcé par la loi, mais qui ne marche plus dans un monde du GPS et du Smartphone. La plupart des conducteurs de taxi ont payé cher pour une licence (entre 40.000 et 350.000 Euros). Le nombre des licences est limité et les taxis les revendent pour subvenir à leurs besoins en retraite. Seulement, aujourd’hui, ils n’arrivent plus à les vendre à un bon prix, car les nouveaux chauffeurs préfèrent travailler en tant que VTC. Guillaume Allègre, économiste à l’OFCE, SciencePo, et Jacques Delpa, économiste à l’Université de Toulouse, ont proposé quelques solutions potentielles qui aideront à régler les problèmes des conducteurs et de l’État, selon l’article de Marine Rabreau (Le Figaro, centre droit, 03.07.2015)
La profession de chauffeur de taxi avec des licences chères ou des délais jusqu’à 18 ans pour obtenir un permis gratuit était déjà identifiée en 2008 comme une profession trop réglementée par la Commission Attali2. Mais de compliquer ou d’interdire la concurrence libre entre les taxis et les VTC ne résoudra pas le problème immédiat de l’indemnisation des licences. L’action de l’État pour réduire la quantité de chauffeurs VTC diminue l’accès au transport fiable à coût accessible au consommateur qui est désavantagé. À Paris, les citadins apprécient le confort des services de VTC comme Snapcar, Chauffeur Prive, LeCab, Allocab et SuperShuttle mais ceux-ci risquent d’être affectés.

1 Manuel Valls, né à Barcelone en 1962, est le Premier ministre de France depuis 31 mars 2014 et l’ancien Ministre de l’Intérieur.
2 Jacques Attali, économiste et conseiller spécial de François Mitterrand, a présidé à la Commission pour la libération de la croissance française
SOURCES:
http://www.liberation.fr/futurs/2016/01/26/taxis-vtc-la-guerre-sans…
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/taxis-vtc-la-fin-des-loti-…
http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/decryptage/2015/07/03/2…
1) Établi en 1905, la flotte des Taxis G7 comprend 7.700 conducteurs et 10.000 taxis partenaires dans plus de 100 villes françaises, c’est aussi une compagnie certifiée à ISO 9001 qui respectent l’environnement. http://www.taxisg7.fr/qui-sommes-nous
2) La Loi d’Orientation des Transports Intérieurs (LOTI) de 1982, qui règle tous les services publics de transport en France, contrôle la concurrence légitime entre les taxis et les VTC.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT0000…
3) Le nombre de taxis parisiens atteint 17.770 soit ~2,7 taxis pour 1.000 habitants à Paris, un ratio qu’il est multiplié par 5 à New York et par 3 à Londres. On avait déjà 14.000 taxis à Paris dans les années 1930.
http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/Demarches/Professio…
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