Rabelais, Prologue à l’Humanisme
Mardi 27 août, jour 3
- l’humanisme
- Rabelais les prologues
- Vidéo une oeuvre
Pour aujourd’hui je vous demande de
- acquérir notre livre Gargantua et Pantagruel
- lire les prologues de Gargantua et Pantagruel en français moderne. et en français ancien pages 10 et 69 de notre livre.
- réfléchir aux questions suivantes
- poster un commentaire sur oaks dans notre forum
Prologue de Gargantua et pantagruel en français moderne
Prologues originaux manuscrits
Réflexion :
- que remarquez-vous lorsque vous comparez les deux textes ? (français moderne et ancien), arrivez-vous à lire ?
- que pensez-vous des titres ?
- Les Grandes et inestimables cronicques du grant et énorme géant Gargantua, contenant sa généalogie, la grandeur et force de son corps. Aussi les merveilleux faictz d’armes qu’il fist pour le roy Artus, comme verrez cy après. Imprimé nouvellement.
- Les Horribles et espoventables faictz et prouesses du très renommé Pantagruel, roy des Dipsodes, filz du grand géant Gargantua, composez nouvellement par Maistre Alcofrybas Nasier.
- gargantua que remarquez vous dans le prologue ?
- comment rabelais s’adresse(t(il à ses lecteurs ?
- pourquoi parle-t-il des Silènes ?
- à quoi compare-t-il lesgrogues fines ?
- Pourquoi parle-t-il de Socrate ?
- pourquoi parle(t(il du chant des sirènes ?
- Qui sont Socrate, Galien, Platon…
- Pourquoi parle(t(il de chien qui ronge leur os ?
- qu’est-ce que la substantifique moelle ?
- à quoi Rabelais compare-t-il les Chroniques ?
- quel rôle donne t-il aux lecteurs ?
- à quoi se compare l’auteur ?
- que revendique-t-il ?
- pourquoi menace-t-il les lecteurs ?
L’humanisme
Prez 475 Humanisme et Renaissance (click)
La mentalité française est tournée non plus sur Dieu, mais vers les pensées de l’homme, la qualité de vie, et la capacité de l’homme à suivre son propre destin.
Les humanistes étaient libres de penser sur l’anaromie, la spiritualité, et la condition humaine sans les contraintes de l’église.
L’éducation était moins censurée et plus libre grâce à François 1er et le développement de l’imprimerie. Rabelais est donc influencé par le mouvement de la renaissance et par les idées humanistes. Ces livres (Gargantua et Pantagruel) sont une estrade pour décrire ses sentiments sur la politique, la morale et le rôle de l’église.
Bien que Gargantua soit considéré comme le premier livre dans la séquence de Gargantua et Pantagruel, Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua a été en fait publié avant La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel.
à quoi sert le prologue : attirer le lecteur !
Les Prologues de Rabelais
Le prologue
Prologue de Gargantua, Rabelais 1534
Buveurs très illustres, et vous vérolés très précieux, car c’est à vous, non aux autres, que je dédie mes écrits, Alcibiade, dans un dialogue de intitulé le Banquet, faisant l’éloge de son précepteur Socrate, sans conteste le prince des philosophes, déclare entre autres choses qu’il est semblable aux silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boites, comme celles que nous voyons à présent dans les boutiques des apothicaires, sur lesquelles étaient peintes des figures drôles et frivoles : harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes batées, boucs volants, cerfs attelés, et autres figures contrefaites à plaisir pour inciter les gens à rire (comme le fut Silène, maître du Bacchus). Mais à l’intérieur on conservait les drogues fines, comme le baume, l’ambre gris, l’amome, la civette, les pierreries et autres choses de prix. Alcibiade disait que Socrate leur était semblable, parce qu’à le voir du dehors et à l’évaluer par l’aspect extérieur, vous n’en auriez pas donné une pelure l’oignon, tant il était laid de corps et d’un maintien ridicule, le nez pointu, le regard d’un taureau, le visage d’un fou, le comportement simple, les vêtements d’un paysan, de condition modeste, malheureux avec les femmes, inapte à toute fonction dans l’état ; et toujours riant, trinquant avec chacun, toujours se moquant, toujours cachant son divin savoir. Mais en ouvrant cette boite, vous y auriez trouvé une céleste et inappréciable drogue : une intelligence plus qu’humaine, une force d’âme merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale, une égalité d’âme sans faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable à l’égard de tout ce pour quoi les humains veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent. Et en admettant que le sens littéral vous procure des matières assez joyeuses et correspondant bien au titre, il ne faut pourtant pas s’y arrêter, comme au chant des sirènes, mais interpréter à plus haut ses ce que hasard vous croyiez dit de gaieté de cœur.
Avez-vous jamais crocheté une bouteille ? Canaille ! Souvenez-vous de la contenance que vous aviez. Mais n’avez-vous jamais vu un chien rencontrant quelque os à moelle ? C’est, comme dit Platon au livre II de la République, la bête la plus philosophe du monde. Si vous l’avez vu, vous avez pu noter avec quelle dévotion il guette son os, avec quel soin il le garde, avec quelle ferveur il le tient, avec quelle prudence il entame, avec quelle passion il le brise, avec quel zèle il le suce. Qui le pousse à faire cela ? Quel est l’espoir de sa recherche ? Quel bien en attend-il ? Rien de plus qu’un peu de moelle. Il est vrai que ce peu est plus délicieux que le beaucoup d’autres produits, parce que la moelle et un aliment élaboré selon ce que la nature a de plus parfait, comme le dit Galien au livre 3 Des Facultés naturelles et IIe de L’Usage des parties du corps.
A son exemple, il vous faut être sages pour humer, sentir et estimer ces beaux livres de haute graisse, légers à la poursuite et hardis à l’attaque. Puis, par une lecture attentive et une méditation assidue, rompre l’os et sucer la substantifique moelle, c’est-à-dire – ce que je signifie par ces symboles pythagoriciens – avec l’espoir assuré de devenir avisés et vaillants à cette lecture. Car vous y trouverez une bien autre saveur et une doctrine plus profonde, qui vous révèlera de très hauts sacrements et mystères horrifiques, tant sur notre religion que sur l’état de la cité et la gestion des affaires.

Un prologue comique
– Apostrophe du début : identifie les lecteurs à des “buveurs” défigurés => cette apostrophe place d’emblée le prologue dans le registre comique => impression de moquerie, public tourné en ridicule : “vous pensez trop facilement”. Le lecteur est ainsi piqué dans son orgueil.
- – Champ lexical du comique : “drôles”, “frivoles”, “rire”, “joyeux”…
– Passage apostrophe-Socrate-Silènes => emboîtement de comparaisons sans lien logique. - – Exagération : comparaison Socrate-pelure d’oignon. Mélange de registres : décalage entre Socrate et la pelure.
- – Longues énumérations à visée comique :
- Enumération des chimères sur les Silènes, des défauts et des attitudes de Socrate, des conditions sociale : Rabelais semble oublier la phrase.
- Enumération des œuvres de Rabelais : “Gargantua, Pantagruel, Fesse pinte, La dignité des braguettes, des pois au lard”. Les 2 premières œuvres sont effectivement celles de Rabelais, mais le reste des œuvres est inventé pour faire rire
- proverbe, fin du 2ème paragraphe : mélange la figure philosophique de Socrate et un proverbe populaire
=> Rabelais cherche à divertir son lecteur.
Sous cette apparence burlesque, Rabelais veut en réalité faire passer un message au lecteur pour lui indiquer que sous les apparences comiques il peut se cacher des intentions sérieuses.
La démonstration de la valeur de son œuvre
- Sous des apparences comiques, le texte cache un message sérieux et est construit de façon rigoureuse :
- Plan : Construction rigoureuse
- Utilisation de connecteurs logique “C’est pourquoi”…
- Question rhétorique en début de deuxième paragraphe
- – 1er paragraphe : dualité aspect des Silènes : laides à l’extérieur et sérieuses à l’intérieur. boîte : comparant d’un comparé : Socrate, lui-même comparant d’un comparé : le livre. Socrate : dualité (vertueux et laid)
- – 2ème paragraphe : dualité de l’œuvre : derrière l’aspect burlesque, intentions sérieuses => livre comparé aux Silènes (comparaisons emboîtées). Ainsi, par l’exemple des Silènes, Rabelais rend plus compréhensible dsa vision de son œuvre.
– Opposition entre intérieur et extérieur mise en valeur par une énumération (aspect philosophique de Socrate opposé à l’aspect moral) et par des comparaisons
– Unité du passage :
- 1er paragraphe : passage descriptif (à visée argumentative) – 2ème paragraphe argumentatif (connecteurs logiques)
- Métaphore filée : la boîte qui unifie le prologue => insiste sur le fait que le contenu est différent du contenant
- Références antiques : Platon et Socrate. Livre comparé à Socrate (modèle de pensée et d’humanité) : vocabulaire hyperbolique => c’est un modèle et un idéal.
- – L’œuvre de Rabelais est ainsi comparé au contenu des Silènes, contenu qu’il veut montrer précieux : “drogues fines, comme le baume, l’ambre gris, l’amome, la civette, les pierreries et autres choses de prix”. Vocabulaire médical pour montrer que la lecture peut soigner l’ame.
- – De même, Rabelais utilise un vocabulaire valorisant pour décrire “l’intérieur” de Socrate : “céleste”, “inappréciable drogue”, “intelligence”, “force”, “merveilleuse”…
Un prologue humaniste
- – Références à l’Antiquité et à ses penseurs, avec éloge de ses penseurs.
- – Rabelais encourage à faire la différence entre l’apparence et la vraie valeur des choses (Silènes d’aspect frivole, mais contenant des “drogues fines”, Socrate qui peut paraitre laid, mais qui est finalement décrit avec un vocabulaire très élogieux…).
- – Par comparaison avec son oeuvre, Rabelais fait l’éloge de la lecture.
- – Rabelais demande un lecteur actif et qui saura voir au-delà des apparences la beauté et les enseignements contenus dans son œuvre.
- Ainsi, Rabelais veut encourager son lecteur à penser, à voir au-delà des apparences.
- Le début du prologue de Gargantua de Rabelais tthéorise et met en pratique le projet du livre : enseigner par le rire. Mais il reste une ambiguïté : le double aspect, burlesque et sérieux. Ce double aspect montre la liberté et l’audace de l’écrivain. Ici, le dialogue est un moyen d’enseigner au lecteur.
Résumé
Un texte sérieux et argumentatif
- Abondance des références antiques et savantes.
- Ecrivains : “Socrate” et son élève “Platon”, “Alcibiade”,”Galien”, “Bacchus” (dieu de la fête)
- Œuvres : “Le banquet”, “La république”
- Les silènes : boîtes à l’aspect extérieur amusant contenant des remèdes précieux
- Lexique abstrait très présent.
- Lexique philosophique : religion, mystère, politique, symbole pythagorique…
- Lexique moral : courage, avisé, sérénité, sobriété…
- Lexique hyperbolique : perfection naturelle, incroyable, invincible, infortuné…
- Armature argumentative.
- Connecteurs logiques : mais, car, c’est pourquoi, pourtant, alors que, en supposant que…
- Questions rhétoriques et oratoires.
- Système 1ère 2ème personne.
- Nombreux impératifs et futurs à valeur d’impératifs.
- Connecteurs logiques : mais, car, c’est pourquoi, pourtant, alors que, en supposant que…
Transition : Par son sérieux et son caractère argumentatif, ce texte joue bien son rôle de prologue.
Un texte plaisant et provocateur.
- Références et proverbes populaires.
- Références : “déboucher une bouteille de vin”, “chien qui mange un os”, “une pelure d’oignon”
- Proverbes : “l’habit ne fait pas le moine” …
- Lexique comique.
- Pitreries, moqueries, dérisions, plaisanteries …
- Titre des livres : Gargantua, Pantagruel
- Énumérations délirantes (l9, 10, 14, 15, 31, 32 …)
- Enchaînement baroque des comparaisons les unes dans les autres : Socrate – Sylène – oeuvre – lecteur.
- Phrases provocatrices : “Livre qui s’adresse aux buveurs et aux vérolés” …
Transition : Le texte témoigne une joie d’écrire : Une oeuvre qui ne s’adresse qu’au bon vivant.
Un texte humaniste.
- Le modèle antique : de nombreuses références à l’Antiquité. Un retour aux textes antiques et prôné.
- Un lecteur actif.
- Utilisation de l’expérience vécue la plus quotidienne.
- Formules humanistes : “substantifique moelle” – “savoir intelligent”
- Les centres d’intérêt du texte : opposition réalité-apparence; annonce de : la politique, la religion.
Conclusion : La substantifique moelle (savoir trouver l’essentiel). Ces idées humanistes seront reprises et développées au XBIème siècle, notamment par Montaigne. Cependant, aucun n’a su mêler à ces idées le côté truculent que l’on retrouve dans Gargantua.
Compraison des prologues présentation pour le cours P1 et 2
Vidéo du jour – débat
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