Nous allons commencer avec une petite comédie légère
Potiche sur Kanopy sous titres anglais
Potiche sur Dr. B. sans sous titre
Potiche est un film franco-belge de François Ozon. Il s’agit d’une comédie de mœurs dont le thème principal est le sexisme c’est aussi un film historique, qui se déroule en 1977. Il est adapté de la pièce de théâtre homonyme de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy.
1977. Dans la petite ville fictive de Sainte-Gudule, située dans le Nord, près de Saint-Amand-les-Eaux, l’usine de parapluies Pujol-Michonneau est dirigée par un patron réactionnaire et misogyne, Monsieur Pujol (Fabrice Luchini), qui a épousé la fille Michonneau, Suzanne (Catherine Deneuve). Cette dernière, surnommée « la potiche » par sa propre fille, supporte sans broncher le mauvais caractère, les vexations et les infidélités de son mari, notamment la relation qu’il entretient avec sa secrétaire, Nadège (Karin Viard). Pujol est excédé par le climat social exécrable qui règne dans son usine. Le député-maire communiste de la ville, Maurice Babin (Gérard Depardieu) ne se prive pas de souffler sur les braises. Un jour les ouvriers déclenchent une grève sans préavis qui débouche sur la séquestration de Pujol. Il fait une grave attaque cardiaque. Dans l’attente de son rétablissement, sa potiche de femme décide, à la surprise générale, de prendre la direction de l’entreprise… Et, à la surprise générale, elle s’en tire plutôt bien…
- Fiche technique
- Titre : Potiche
- Réalisation : François Ozon
- Scénario : François Ozon, d’après la pièce de théâtre Potiche de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy
- Musique : Michèle Torr, Baccara, Il était une fois, Catherine Ferry, Julio Iglesias, Johnny Hallyday, Bee Gees, Jean Ferrat
- Budget : 11,31 millions d’euros
- Lieu de tournage : Belgique (Bruxelles, Anderlecht, Limal, Laeken)
- Genre : Comédie de mœurs, satire sociale, film historique
- Durée : 103 minutes
Ozon revient à la comédie et le fait bien ! Potiche est jubilatoire !
L’argument : En 1977, dans une province de la bourgeoisie française, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d’un riche industriel Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme, qu’il prend pour une potiche. À la suite d’une grève et d’une séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une femme de tête et d’action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en pleine forme, tout se complique…
Notre avis : Après quelques œuvres mineures, pour la plupart marquées par l’insuccès commercial, Ozon reprend sa carrière en main et il le fait bien ! Exit le drame (Angel, Ricky et Le refuge), le cinéaste est d’humeur taquine comme dans les années 90 où il révéla son inclination pour le trash, mais surtout comme dans Huit femmes, pour mémoire le plus gros « hit » de sa carrière. Il est d’ailleurs ici impossible de ne pas voir en Potiche une sorte de Huit Femmes bis. Son dernier film est effectivement l’adaptation d’une pièce de boulevard ; on y retrouve une avenue de stars (dont Deneuve, pont direct entre les deux œuvres) ; la mise en scène est délicieusement kitsch ; les dialogues font mouche à chaque fois ; c’est cocasse ; légèrement « bitchy » ; souvent irrévérencieux sans jamais être vulgaire ! Du Ozon trait pour trait….
Comme son illustre prédecesseur, Potiche a été réalisé par un cinéaste folâtre, amoureux des comédies de caractère habitées par des personnalités fortes, et surtout ce nouveau blockbuster exigeant de la comédie française a été mis en scène par un amoureux de rencontres cinématographiques hors normes. Ozon réunit un casting royal avec des seconds rôles succulents (Godrèche en garce du libéralisme ; Karin Viard en secrétaire aux gros seins éperdument amoureuse de son patron…) et une tête d’affiche tout simplement énorme, notamment Fabrice Luchini hilarant en chef d’entreprise et en époux odieux !
Mais au milieu de toutes ces rencontres cinématographiques, ce sont les retrouvailles entre Ozon et Deneuve, qui fut il y a près de dix ans l’une de ses “8 femmes”, qui s’avèrent les plus délicieuses. Le cinéaste fait montre à chaque instant de l’admiration qu’il porte à la comédienne. L’hommage qu’il lui rend consiste notamment à la replonger dans les années 70, cette décennie de libération de la femme où la comédienne était un authentique symbole de féminité et une image sexuée de femme forte.
Deneuve à contre-emploi incarne ici la « potiche » bourgeoise des années 70, épouse de grand patron gentillette à qui l’on ne demande jamais son avis, son rôle se réduisant à être présente à la maison au retour de Monsieur. Son ascension à la tête de l’entreprise lorsque son mari hyperactif doit se remettre d’une double attaque, fait naître en elle un désir de revendications insoupçonnées. Elle se fait alors le chantre de ses propres frustrations, des revendications sociales de ses employés, des droits de la femme (notamment celui à l’avortement et au travail), et, loin d’être une coincée de l’entrecuisse, elle cautionne même la libération des mœurs, contestant le conservatisme irascible de son époux. La femme charismatique qu’elle incarne devient politique (elle se présente même aux législatives) ; elle rappelle immédiatement l’ascension récente de Ségolène Royale vers des ambitions présidentielles.
Deneuve excelle dans un rôle plus complexe que ce qu’il laisse paraître au premier abord, jouant ironiquement avec les apparences, celle de la femme au foyer godiche qui n’aurait d’avis sur rien. Elle s’amuse dans une reconstitution des années 70 plus vraie que nature au ton d’une émission de télé hilarante de misogynie pour ménagères de l’époque.
Manipulée manipulatrice, fausse ingénue, la star est surtout révélatrice d’une grande nostalgie partagée par tous, cinéaste et spectateurs réunis, à l’égard de l’actrice immense qu’elle a pu être dans sa jeunesse. En la plaçant à la tête d’une usine de parapluies, Ozon fait un clin d’œil magique aux Parapluies de Cherbourg (1963) ; quant au face à face entre l’actrice et Gérard Depardieu, il renvoie encore une fois à tout un pan monumental de notre patrimoine cinématographique, et distille pour les plus cinéphiles d’entre nous une vraie émotion. Depardieu en syndicaliste communiste est moins démesuré qu’attendrissant dans sa relation avec la femme du grand patron qu’elle interprète. Le comédien, forcément grandiose en homme de tempérament de gauche – aussi contradictoire que cela puisse être avec ses dérapages récents dans les médias – est encore une fois vertigineux. Ensemble, ils irradient l’écran ; les stars complices offrent ainsi dans leur réunion les meilleurs moments d’un métrage où pourtant le rythme comique ne faiblit jamais.
Le star système un peu papier glacé que le cinéaste place sur un piédestal n’est évidemment pas très loin de sa démarche artistique dans Huit femmes où l’on ressentait le même besoin d’idéaliser les idoles (Fanny Ardant, Emmanuelle Béart…). Mais que les mauvaises langues baissent leurs armes. Grand auteur qu’il est, Ozon est bien trop fin pour dupliquer ses réussites d’antan et exploiter des filons faciles. Cette fois-ci la démarche du réalisateur de Gouttes d’eau sur pierres brûlantes dépasse le cadre étroit de la simple comédie pour se charger d’un riche contexte historico-social. Ozon resitue l’action dans une décennie politique certes datée, mais inextricablement reliée à nos préoccupations contemporaines. Et il le fait sans manichéisme primaire ou méchanceté gratuite ! En période de grogne sociale et de manifestations contre la réforme des retraites, Potiche et ses salariés lésés qui se révoltent contre leur direction ne pouvait pas mieux tomber. Son sous-texte sarcastique à l’égard des délocalisations et du dégraissage de personnel prend une valeur inestimable. Si l’auteur ne définit pas son film comme un authentique manifeste politique, derrière l’habillage de comédie rose acidulée, il traite bien de considérations complexes, avec une certaine ironie sur les rapports ambigus entre la Gauche et la Droite (la “potiche” couronnée de succès n’est-elle pas elle-même un pur paradoxe politique ?).
Cette profondeur manquait sûrement à la comédie policière Huit femmes, qui s’assumait en son temps entièrement comme une œuvre légère, plus sulfureuse et glamour qu’engagée ! En 2010 Ozon, fort d’une décennie d’oeuvres dramatiques souvent intenses (Sous le sable, 5X2) a évolué vers plus de maturité. Et son irrésistible Potiche, aussi déjanté soit-il, en atteste remarquablement.
Distribution
- Catherine Deneuve : Suzanne Pujol
- Gérard Depardieu : Maurice Babin
- Fabrice Luchini : Robert Pujol
- Karin Viard : Nadège
- Judith Godrèche : Joëlle
- Jérémie Renier : Laurent Pujol
- Sergi López : le routier espagnol
- Évelyne Dandry : Geneviève Michonneau
- Bruno Lochet : André
- Élodie Frégé : Suzanne Pujol jeune
- Gautier About : Maurice Babin jeune
- Jean-Baptiste Shelmerdine : Robert Pujol jeune
- Jean-Louis Leclercq : le médecin
- Vincent Collin : le journaliste d’Europe 1
- Martin De Myttenaere : Stanislas
Le Canard enchaîné, dans son édition du , classe le film dans sa rubrique « Les films qu’on peut voir cette semaine ». D’une façon générale, les médias l’ont conseillé à leurs lecteurs, ils ont été sensibles à l’humour de François Ozon. Allociné indique une note moyenne de 3,9 sur 5 pour 25 critiques recensées. Certains cependant ont boudé leur plaisir. La Croix, par exemple — qui titre sa chronique « Potiche, un film cruche » — a trouvé « cet exercice balourd » et écrit : « Rien n’est vraiment drôle. Les effets comiques tombent à plat. On est gêné par ce rire, tellement sollicité, qui ne vient pas nous libérer… ». Il est vrai qu’on est loin du 8 Femmes d’Ozon et de ses répliques finement ciselées. Mais la majorité des critiques estiment que cette « balourdise » est voulue et maitrisée par l’auteur. Le Canard enchaîné nous dit que « tout est surjoué, et assumé aussi ».
Avec 2,3 millions d’entrées en France, Potiche est un petit succès. Sur le plan mondial, il rapporte 28,8 millions de dollars à ses producteurs. Il leur en avait coûté 12,5 millions environ, ce qui fait un taux de rentabilité de 230 %
Autour du film
- François Ozon a émaillé son film de références à des situations et des personnalités politiques françaises des années 2010. Les propos de Monsieur Pujol sur la nécessité de « Travailler plus pour gagner plus », reprennent le slogan de Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle de 2007. Le même Pujol s’exclame également « Casse-toi, pauv’ con ! ». Madame Pujol en tailleur blanc lançant dans son discours de campagne législative un appel à la fraternité, évoque inévitablement Ségolène Royalet et son « Rassemblement pour la fraternité » de septembre 2008. Autre allusion à cette dernière, la visite par Madame Pujol de la fromagerie « Chabrechou », parodie de la visite de la candidate socialiste à la fromagerie Chabichou en août 2008. Pendant sa visite, la très BCBG Madame Pujol, se voit affublée, comme la politicienne charento-poitevine, d’une coiffe «traditionnelle» particulièrement grotesque rappelant celle de Bécassine.
- L’action du film se déroule dans le département du Nord. Les plaques d’immatriculation des voitures que l’on y voit portent toutes des plaques 59 et les références au Nord, notamment à Lille et à Saint-Amand, sont nombreuses. Néanmoins le tournage a été entièrement réalisé en Belgique (en 2009).
- On aperçoit plusieurs fois la caméra dans le film : dans la boucle de ceinture dorée de Nadège au début du film, dans les vitres des voitures et plus particulièrement lorsque Mme Pujol se fait larguer en rase campagne. Enfin, lorsque M. Babin fait un créneau, on peut voir alors l’équipe technique ainsi que de la lumière rouge dans les reflets des vitres.
- Petit anachronisme, la chanson Emmène-moi danser ce soir, fredonnée par Madame Pujol au début du film, interprétée par Michelle Torr date de 1978 or l’histoire commence en mi-1977.
- Bernard Giraudeau avait été initialement pressenti durant l’été 2009 pour jouer le rôle de Robert Pujol.
Mise en scène des classes sociales supérieure et ouvrière
Les deux différentes classes socio-professionnelles les plus évidentes qui sont repérables dans cette scène sont évoquées à la fois par l’apparence, les tenues vestimentaires et par le comportement langagier des personnages. Suzanne est vêtue très richement, elle parle avec un registre langagier soutenu et son attitude transite par une échelle émotionnelle qui va de l’anxiété au calme impassible. Tout en elle inspire au respect. D’ailleurs, le fait que la réunion se passe dans une salle vitrée souligne deux aspects:
-La transparence volontairement accentuée de Suzanne (Suzanne est placée devant les vitres et un mur blanc, alors que les « noirs desseins » d’André sont intentionnellement soulignés par la noirceur derrière lui)
-Le huis-clos entre les personnages
André et ses collègues appartiennent à un tout autre univers; André parle précipitamment, avec un débit qui augmente au plus la tension imprègne le personnage. Leurs coiffures, typiques des années 1970, avec les cheveux longs, un peu gras pour certains, ou leurs barbes (bien moins tolérées dans le milieu du travail aujourd’hui, si ce n’est pour les ouvriers), le fait qu’ils fument des cigarettes en plein réunion (ce qui était encore toléré également à l’époque et est formellement interdit aujourd’hui) et leurs vêtements (rarement assortis et dans des matières moins nobles) laissent deviner qu’ils ne se soucient pas plus que cela de leur apparence. Soulignons qu’ils sont bien plus solidaires que Suzanne, qui est complètement seule.
Critikat.com
par Sarah Elkaïm
Ozon se joue des clichés. Il s’amuse du kitsch qui inonde son film de bout en bout, voire en rajoute une couche en faisant appel à l’attirail du feuilleton lorgnant presque vers la comédie musicale.
Le Parisien
par Marie Sauvion
Malin, Ozon joue sur les deux tableaux, la reconstitution d’époque, vraiment drôle, et les résonances avec la France d’aujourd’hui.
Le Point
par François-Guillaume Lorrain
Voir la critique sur Le Point.fr
Les Inrockuptibles
par Emily Barnett
(…) non seulement une comédie alerte résonnant avec l’air du temps, mais un sublime manifeste féministe, s’ajoutant à tous ceux déjà réalisés par Ozon.
Metro
par Rania Hoballah
(…) Comédie réjouissante emmenée par une Catherine Deneuve hilarante en quiche des années 1970. Ne pas passer à côté.
Télé 7 Jours
par Julien Barcilon
A dessein, l’ensemble a parfois des allures de théâtre filmé : bienvenue au spectacle.
20 Minutes
par Caroline Vié
Dans “Potiche” le réalisateur plonge une pléiade de comédiens (…) dans une bataille des classes et des sexes en mode rétro années 1970. Le résultat est savoureux.
Elle
par Florence Ben Sadoun
(…) c’est déroutant de drôlerie et de tendresse !
Excessif
par Romain Le Vern
Réussir une comédie n’est pas facile. Ozon a réussi.
Le Figaroscope
par Jean-Luc Wachthausen
Une réjouissante fantaisie boulevardière.
Le Journal du Dimanche
par Danielle Attali
Voilà la comédie française la plus drôle et audacieuse de l’année.
Le Monde
par Thomas Sotinel
“Potiche”, le film, reste une farce, bouffonne et alerte.
L’Humanité
par Jean Roy
Une pincée d’émancipation féminine, une autre de brocard du monde politique, le tour est joué.
Marianne
par Danièle Heymann
Outre ses qualités de bonne et salubre comédie, la valeur ajoutée de “Potiche” réside dans le parfum de nostalgie à la fois intense et léger que le film dégage.
Ouest France
par La rédaction
François Ozon très en verve cisèle des échanges dialogués d’une jouissive ironie, sans jamais insister ni forcer la mesure.
Paris Match
par Alain Spira
(…) Pétillante et hilarante adaptation d’une pièce de boulevard.
Positif
par Pierre Eisenreich
“Potiche” affirme une nouvelle fois le talent de François Ozon pour filmer le théâtre.
Première
par Bernard Achour
D’abord vaudeville rétro, puis satire de notre présent à tous, “Potiche” se transforme peu à peu en une utopie futuriste dont Aragon et Ferrat eux-mêmes auraient pu s’emparer, sur le mode “Le femme est l’avenir de la France”.
TéléCinéObs
par Lucie Calet
(…) Comédie joyeuse sur le ” maternalisme ” et l’émancipation (…) émaillé de morceaux de bravoure, qui devrait faire ” quelques ” entrées.
Télérama
par Louis Guichard
Un brin mélo, un rien disco, parfois un peu slow, le film déploie une quantité insoupçonnée de tonalités.
Libération
par Olivier Séguret
Si cette “Potiche” tient plutôt fièrement debout, on le doit au meilleur talent d’Ozon, toujours aussi judicieux et précis quand il s’agit de choisir et diriger des acteurs.
Studio Ciné Live
par Thierry Cheze
Voir le site Studio Ciné Live
Cahiers du Cinéma
par Charlotte Garson
Agréable mais guère subversif.
La Croix
par Jean-Claude Raspiengeas
Rien n’est vraiment drôle. Les effets comiques tombent à plat. On est gêné par ce rire, tellement sollicité, qui ne vient pas nous libérer de tant souffrir face à cet exercice balourd, comédie sans grand intérêt, qui se pare de l’alibi du féminisme et autres tartes à la crème idéologiques pour se légitimer.
Chronic’art.com
par Guillaume Loison
Voilà en somme, l’unique inconscient de” Potiche” : filmer le rêve éveillé de Dominique Besnehard, faire se rencontrer les stars, les déguiser comme dans les shows des Carpentier.
En Cours
Vocabulaire
Certains mots employés par les protagonistes nous ont semblé avoir besoin d’être défini pour que des apprenants étrangers comprennent l’ensemble de la scène :
Domestique (n.m.) : Personne employée pour le service, l’entretien d’une maison
Se taper (vb) : Faire; être obligé, contraint de faire
Dot (n.f.) : Bien qu’apporte une femme en se mariant
Nouvelles (n.f. pl) : Tout ce que l’on apprend, sur les sujets les plus variés, par la presse, la radio, la télévision, la rumeur publique
Charognard (n.m.) : individu qui suscite une forte désapprobation par son mauvais caractère ou par la rapacité, la cruauté avec lesquelles il exploite la misère d’autrui.
Outre ces mots simplement définis, l’extrait comporte deux termes qu’il nous a semblé bon d’expliciter. En effet, ceux-ci sont porteurs d’une charge culturelle partagée. Pour des natifs, ils sont pourvus d’une valeur ethno-socioculturelle comprise par des locuteurs français mais qui peut être difficile à saisir pour des apprenants étrangers.
Tout d’abord, le repas partagé par le couple est très représentatif de la culture française : le petit déjeuner français avec son traditionnel pain-beurre-confiture et viennoiserie fait partie des stéréotypes de l’Hexagone. Le croissant est un cliché de la gastronomie française. L’histoire veut que cet aliment ait pourtant été crée à Vienne alors que les Turcs envahissaient la ville. Les boulangers de la ville les ont entendus creuser un tunnel pour passer le mur d’enceinte et ont donné l’alarme aux sentinelles qui ont pu repo
usser l’ennemi. Pour fêter cette victoire, les boulangers créèrent une pâtisserie au levain en forme de croissant, copiant la demi-lune que l’on peut voir sur le drapeau de la Turquie. C’est Marie-Antoinette, fille de l’impératrice d’Autriche et épouse du roi Louis XVI, qui introduit la pâtisserie en France. D’autres pays proches de l’Autriche se revendiquent comme inventeurs de la viennoiserie.
Quoi qu’il en soit, le croissant a été réinventé en France au XIXème siècle. Les Français ont remplacé la pâte utilisée jusqu’alors, qui ressemblait plutôt à celle de la brioche, par une pâte feuilletée donnant la vedette à un ingrédient majeur : le beurre.