Elizabeth Marie West

Le Flux de conscience dans la Salle de bain de JP Toussaint

Le livre La salle de bain rédigé en 1985 par Jean-Philippe Toussaint et réalisé au cinéma par John Lvoff en 1989 fournit un aperçu unique dans la vie du personnage sans nom, qui s’appelle « Je ». Ce personnage n’a pas de nom parce qu’il est juste un flot de mots, d’ idées et des commentaires. Il ne peut pas s’entendre avec les autres parce qu’il les observe et les voit comme sujets. Il est chercheur mais il se voit comme un sujet. Le style de flux de conscience facilite cette déformation professionnelle. Le style dans lequel Toussaint écrit exemplifie la nature du personnage « Je ». Il montre la séparation qu’il a avec les autres.

L’écriture est flux de conscience. Par exemple, les paragraphes sont courts comme les idées fugaces. De temps en temps il n’y a pas une ligne commune entre les paragraphes mais des idées désordonnées comme si elles suivaient un fil de pensées. Les mots, les observations et les idées semblent n’avoir pas d’intrigue spécifique. Ils sont instantanés dans la vie de « Je » comme les paragraphes 7 et 14 de la deuxième partie, « Je ne descendis pas déjeuner » et “Le lendemain, je me réveillai de bonne heure, passai une journée calme. » Bien que le style appelle le flux de conscience, les paragraphes et les phrases n’ont pas un flot complet comme les histoires américaines et les romans américains dont on a l’habitude. Contrairement aux autres personnages « Je » ne les établit pas bien, indiquant qu’il aime mieux examiner le monde autour de lui et constate qu’il passe plutôt que de participer à ces événements. On peut l’observer quand le personnage « Je » contemple le rue en dessous de lui regardant le déluge de la pluie. Ce style donne une perspicacité unique chez un observateur strict.

« Je » relate seulement ce qu’il voit mais il reflète rarement la signification de ces événements. Il ne parle presque jamais avec personne à part Edmondsson. Quand il parle avec les autres, il n’obtient que l’information essentielle d’eux ou participe à la conversation la plus minimale. « Je » ne peut pas et il ne veut pas s’entendre avec quelqu’un comme le montre le passage au chapitre 1 « Je craignais de rencontrer quiconque. Parfois, un profil entraperçu m’effrayait… la vue de son visage inconnu me soulageait… » Il adore Edmondsson, mais il ne peut pas exprimer cet amour. Quand Edmondsson arrive à Venise ils semblent être un couple amoureux mais pendant que l’histoire progresse « Je » cesse de l’écouter elle et il n’entend seulement que le commentaire qui coure dans sa tête. Il ne comprend pas l’implication de son sentiment qui le gêne. Il se regarde dans le miroir ou il joue aux fléchettes essayant de se résoudre lui-même. Par exemple, chapitre 62 de la deuxième partie « Lorsque je jouais aux fléchettes, j’étais calme, détendu. Je me sentais apaisé. Le vide me gagnait progressivement et je m’en pénétrais jusqu’à ce que disparût toute trace de tension dans mon esprit. »

Alors le personnage « Je » est extrêmement égoïste. Ce qui est montré dans le passage « Il m’indiqua rapidement une direction du doigt et voulut m’éviter pour continuer sa route, mais, lui bloquant courtoisement le passage, je lui demandai quelques éclaircissements. A ce moment-là, il s’immobile vraiment et, prenant la peine de se retourner, avec beaucoup de patience, me donna toutes les indications nécessaires. ». Ceci indique qu’il demande aux autres d’abandonner leur propre échappée pour sa propre satisfaction. C’est un acte très narcissique. Son obsession avec lui-même ne lui permet pas de créer un rapport avec quelqu’un d’autre. Quand Edmondsson a un problème avec « Je » il la quitte et il fait ce qu’il veut sans respect. Il se gèle dans sa solitude pendant qu’il observe le passage du temps dans le miroir.

Donc, le personnage « Je » ne peut pas créer et maintenir de rapports parce qu’il est si distrait et concentré sur des détails mineurs de la scène environnante. Le flux de conscience communique sa difficulté à avoir une vie sociale réussie. Le message qui peut être perçu est que si nous sommes distraits par les composants environnants et les événements individuels, plutôt d’avoir une vue d’ensemble de l’être et du vivre, il ne sera jamais possible de réussir sa vie.