Madame Céline Trézéguet – archéologue française

Céline Trézéguet est achéologue en Charente-Maritime. Entre 2000 et 2009, elle a étudié à l’Université de Montaigne-Bordeaux III où elle a obtenu son Doctorat en archéologie. Actuellement, elle est responsable d’opérations et de réalisation de diagnostiques archéologiques (préventives et programmées).

Interviewée par Jonah Crisanti

Q : J’ai vu sur votre profil LinkedIn, que vous êtes actuellement au poste de responsable d’opérations et de réalisation de diagnostiques archéologiques. Est-ce qu’un dirigeant continue toujours a faire des fouilles, c’est à dire, gardez vous un contact avec la terre ?

crisanti

 

 

 

R : En tant que responsable d’opérations, je m’occupe des chantiers de fouilles (préventifs et programmés) et des diagnostics archéologiques de A à Z. C’est à dire qu’une fois que j’ai l’autorisation de l’État (sous forme d’un arrêté de nomination), je prépare le terrain : je rencontre toutes les personnes ayant un rôle dans l’organisation du chantier (aménageurs, élus locaux, entreprises de travaux publics, par exemple). Je rencontre le chef de projet, l’architecte et les techniciens avec qui je vais travailler sur le terrain (choix de la pelle mécanique, du lieu de stockage des remblais, etc…). Tous ensembles, nous organisons le planning des travaux. Lorsque je réalise des fouilles préventives, je recrute des équipes constituées d’archéologues professionnels qui viennent fouiller avec moi sur le terrain. C’est la phase de préparation du chantier, indispensable pour que tout se déroule bien par la suite.

Au moment du chantier à proprement parler, je suis obligatoirement sur le terrain, notamment parce que je donne les instructions au chauffeur de la pelle mécanique, et à toutes les personnes qui travaillent sous mes ordres.

C’est à ce moment-là que j’ai un contact direct avec la terre : je suis toujours sur le terrain, mais c’est vrai que je fouille concrètement moins que lorsque j’étais technicienne de fouille. Je dois désormais diriger mon équipe, gérer les aléas du chantier et être en contact permanent avec toutes les personnes qui interviennent lors des travaux.

 

Q : Qu’est ce qu’un archéologue urbain exactement ? Quels sont les problèmes majeurs avec lesquels on est confronté lors de l’excavation d’un site urbain ?

 

R  : Un archéologue urbain est un archéologue qui a l’habitude de fouiller en milieu urbain, dans les centres villes (depuis le petit bourg de campagne à la grande agglomération, comme La Rochelle).

Que ce soit dans les grandes villes ou au cœur des petits villages, il est impératif de gérer la sécurité des gens qui circulent tout autour du chantier. Imaginez que vous fouillez à côté d’une école, vous devez prendre en compte la sécurité des enfants, des parents, des enseignants tout en effectuant les fouilles.

Ensuite, se posent des problèmes techniques. En effet, le sous-sol urbain en France est truffé de réseaux enfouis (eau potable, eaux pluviales, gaz, électricité, fibre optique, …). Il faut en tenir compte et donc implanter les sondages et les tranchées en fonction du tracé de ces réseaux. Enfin, la superposition des couches archéologiques anciennes (étalées sur des siècles et même parfois sur des millénaires) est plus importante et généralement assez complexe : les lectures stratigraphiques sont par conséquent très complexes et nécessitent d’avoir de solides compétences.

Les obstacles et les difficultés sont donc beaucoup plus nombreux à gérer que l’lorsqu’on mène des fouilles en contexte rural, en plein champs par exemple.

 

Q : En tant que dirigeant des fouilles et des diagnostics, pourriez-vous nous dire exactement quelles sont les qualités que vous recherchez pour des volontaires ? Est-il plus important d’être expérimenté ou bien motivé?

 

R : J’essaie d’avoir autant de novices – d’étudiants qui n’ont jamais fouillé – que de bénévoles qui ont un peu ou beaucoup d’expérience. Ainsi, je peux confier à ceux qui connaissent le métier (une fois après avoir vu leur façon de travailler) la formation et la surveillance des étudiants qui n’ont jamais fouillé. Procéder ainsi permet de développer un esprit d’équipe, vital dans le bon déroulement d’un chantier. Je préfère travailler avec une équipe bien soudée et dont les membres s’entendent bien et qui surtout arrive à s’entraider, parce que je suis persuadée qu’ainsi les résultats sont meilleurs. Et qui aime travailler dans un contexte délétère ?!

Après, c’est vrai que la motivation est très importante. Aussi, je demande un CV et une lettre de motivation parce qu’une personne qui n’a jamais fouillé mais qui fait preuve d’une très grande motivation a tout autant le droit à une première chance que les autres plus expérimentés. Enfin, j’accorde une importance toute particulière au style, à la grammaire et à la syntaxe dans la lettre de motivation, car il me parait aussi très important de savoir s’exprimer et démontrer de façon claire (et sans faute…) sa motivation et sa détermination.