Une critique filmique de Patrick Magwood
“Café de Flore” est un film franco-québécois, réalisé par Jean-Marc Vallée sorti en 2011 qui met en scène Kevin Parent dans le rôle d’Antoine, un DJ montréalais qui a quitté la mère de ses deux filles, Carole, joué par Hélène Florent. C’est une drame psychologique qui raconte deux histoires en parallèle; celle d’Antoine et Carole, et celle de Jacqueline, jouée par Vanessa Paradis, une française avec un fils trisomique pendant les années soixantes. Ce film de 120 minutes offre au public un ton réconfortant, mais à la fois aigre-doux qui plaira bien à ceux qui cherchent un film qui juxtapose la joie et la tragédie.
Ce film du réalisateur de “C.R.A.Z.Y”, s’est inspiré de la pièce musicale “Café de Flore”, composé en 2001 par Matthew Herbert sous le nom “Doctor Rockit”. La mélodie, qui est répétée tout au long du film sous une forme éléctro et “acoustique”, est le fil conducteur du film, autour duquel tourne la fiction. La partie la plus difficile du casting a été de trouver deux jeunes enfants trisomiques pour remplir les rôles de Véro et Laurent et cette rencontre c’est faite par hasard.
Le film s’ouvre sur une ambiance détendue et confortable, la caméra fixe deux petites filles installées à l’arrière d’une voiture, puis elle se tourne vers Antoine, qui caresse le genou de Rose, son amante. La mélodie éléctro de “Café de Flore” joue dans le fond, qui projette la passion d’Antoine. Ici commence l’histoire d’un homme qui a tout, mais aussi celle de la mère de ses enfants, qui galère avec un divorce inégal. En parallèle, on voit l’histoire d’une mère célibataire d’un fils trisomique, qui doit choisir entre l’envoyer dans un “établissement spécialisé” avec sa meilleure amie trisomique, ou les séparer et le garder près d’elle.
Ces deux histoires racontent l’amour entre les âmes-sœurs, et la destiné de nos vies amoureuses. Le réalisateur a choisi de couvrir deux histoires d’amour fusionnel, et comment cette inconditionnalité peut être destructrice. Il s’attaque au septiques de la notion de l’âme-sœur.
En ce qui concerne la technique du film, les éléments musicaux et visuels sont les plus remarqués. Le style est vraiment composé de la juxtaposition des deux. La caméra nous montre toutes sortes d’angles, de loin et de près, de face et d’arrière, qui donnent l’impression que du point de vue d’Antoine, on ressent du déjà vu, comme si on regarde notre propre vie des yeux d’un autre qui l’a, en quelque sorte, vécue. La musique se marie bien avec la cinématographie avec la présence permanente de la même mélodie de “Café de Flore”, qui très rythmée et néanmoins douce, glisse dans l’air sur les percussions conductrices.
Voici une image en plan taillé d’Antoine et son amante dans l’étreinte sous le regard de la la fille d’Antoine appuyée sur un mur. Le cadrage centré, souligné par l’éclairage central qui les surplombe, appuie le fait qu’il n’y a qu’eux au monde à ce moment-là. La courte focale, néanmoins, attire notre attention sur la distance physique et émotionnelle entre Antoine et sa fille, qui est un peu hors du focus de la caméra, et cadrée par la lumière du fond.
Bien sûr que pour les audiophiles, ce film sera très intéressant, simplement par l’emploi de la musique. Pour ceux qui aiment les drames psychologiques avec un fil conducteur surnaturel, c’est aussi un très bon film. Désormais, la juxtaposition de deux histoires qui ne se relient qu’indirectement, au moins, au premier coup d’œil, pourrait être un élément perturbateur. J’ai eu ce sentiment, mais après un deuxième regard tout a pris du sens. J’aime ce film parce qu’il présente une belle interprétation de l’amour et du concept de l’âme sœur, et il vaut vraiment le temps de le regarder.
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